Une garde-robe pour Barbie™

J’ai toujours aimé coudre. Quand j’étais gamine et que mon père(*) n’était pas là (il travaillait en décalé et je bricolais avec lui quand il était là), je faisais de la couture avec la machine de ma mère. J’avais de la chance : une couturière, amie de la famille, me donnait des sacs de chutes de tissus. Les jours où elle venait, c’était Noël en mieux.

Mes souvenirs de Barbie™

L’essentiel de ma production consistait en vêtements et accessoires pour mes poupées Barbie™. C’était ma façon de jouer à la poupée : à partir d’un tissu, je créais une tenue et une histoire. Mes Barbie™ étaient vraiment mes mannequins.

Même si j’étais officiellement trop grande pour jouer à la poupée, j’ai continué à les habiller en loucedé jusqu’au lycée. Je ne le disais pas autour de moi: faire de la couture était plutôt has-been dans les années 80.

Pourquoi je vous raconte tout ça aujourd’hui?

Tout simplement, parce qu’à l’époque j’avais fabriqué des vêtements pour les Barbie™ de ma nièce et que mon frère a tout gardé. Il m’a montré tout ça cet été. Croyez-le ou non: j’avais tout oublié.

J’ai été plutôt émue par 2 de ces vêtements : ce blouson en suédine, calqué sur mon blouson en jean de l’époque, avec sa coupe très 80’s, à la fois court et oversize.

J’avais même fait des petites pattes à l’arrière

… et ce sweat que j’avais siglé d’une marque connue (un fantasme d’ado : je n’ai jamais eu aucun vêtement de marque à cette époque)

Mon frère avait sorti ces vêtements du grenier pour la fille de ma nièce (donc ma petite-nièce) qui venait en vacances quelques semaines en Bretagne. Je me suis jetée sur l’occasion de créer des souvenirs pour une nouvelle génération.

La nouvelle génération

Il n’y a pas que les petites filles des années 80 qui ont grandi, les Barbie™ aussi ont changé. J’ai retrouvé ma Barbie™ Crystal de 1984 bien fanée, et totalement dépassée avec sa taille trop fine. Aujourd’hui les Barbie™ sont variées et j’ai adoré en acheter quelques-unes pour me servir de mannequins. Au final, j’ai maintenant plus de Barbie™ que dans ma jeunesse.

Fabriquer des vêtements pour Barbie, ce n’est pas vraiment comme le vélo, il m’a fallu du temps pour retrouver mes sensations.

Je dirais pour commencer que le choix du tissu est primordial. Il faut tenir compte de son épaisseur, de la taille des motifs ainsi que de la souplesse et du tombé. Les cotonnades apprêtées sont plutôt rigides et conviennent mieux à des robes ou des vêtements cintrés. Le jean est beaucoup trop épais, je l’ai remplacé par du Chambray denim pour chemises. Les lainages et les simili-cuirs sont tentants, mais attention aux zones multi-épaisseurs comme le dessous des manches ou le col. L’idée c’est de trouver le tissu qui fait penser au même tissu mais en plus fin.

Les difficultés de la couture (et comment les contourner)

Coudre pour poupée demande précision et délicatesse, mais il faut penser aussi aux petites mains parfois brutales qui manipuleront les vêtements.

Si ce sont des vêtements de collection pour adultes, la couture à la main est la plus adaptée surtout si on sait faire des points réguliers. Ce n’est pas trop mon cas.

Pour des vêtements assez solides pour une utilisation enfantine, je préfère une solution intermédiaire : coudre ce qui est possible à la machine et quelques détails à la main.

Comme je trouve que quelques images valent un grand discours, je vais prendre un exemple.

Coudre un tee-shirt

Je vous présente ma Barbie™ Fashionistas #111, type Curvy.

J’utilise ici du jersey coton, de poids moyen. J’ai choisi ce tissu parce je voulais utiliser un de ses motifs comme motif placé pour le tee-shirt.

Les ourlets

J’ai changé mon aiguille pour une aiguille à jersey et j’ai choisi un pied presseur pour mini-ourlet. Avec une surjeteuse, on peut faire un point roulotté, mais je n’en ai pas.

J’avais fait une toute petite vidéo sur ce pied l’année dernière :

Ce pied presseur permet de faire des ourlets réguliers et fins, mais il lui faut quelques centimètres de couture pour être pleinement opérationnel. Avec des vêtements de poupée, ce n’est pas gérable donc je vais d’abord découper mon tissu aussi droit que possible en m’alignant sur un rang de tricot et je vais faire l’ourlet sur une bonne quarantaine de centimètres.

L’ourlet est légèrement détendu (longueur du point 2,5) mais avec un petit coup de fer, ça ira mieux. Ça, c’est quand on n’a pas de surjeteuse ou recouvreuse comme moi.

Le corps

Coudre du jersey près du bord, n’est pas très facile. Pour ce genre de petites pièces, je suis plutôt du genre “je couds d’abord et je découpe après”. Ici j’ai coupé 2 rectangles un peu plus grands que mon patron et j’ai épinglé les bords de l’ourlet des 2 pièces.

Mon patron est vraiment fait à la va-vite : il n’y a pas d’encolure!

Je vais tracer ou repérer la couture des épaules.

mon patron est si vite fait qu’il manque l’encolure!

Je fais les coutures des épaules et ensuite je coupe les emmanchures.

Les manches

Pour les manches, c’est un peu le même système : je plie un rectangle en épinglant les ourlets pour marquer le milieu.

Je ne découpe que l’emmanchure, mais je garde bien la marque du milieu.

J’épingle les manches sur le corps en alignant le milieu de ma manche et la couture de l’épaule.

Voilà mon tee-shirt tout étalé.

Maintenant, je vais faire les coutures des côtés. Je retourne et je remets mes épingles pour mettre mes ourlets bord à bord.

La couture sous l’emmanchure est délicates, je vais donc coudre juste un cm vers la manche et un cm sur le côté à la main.

Je couds à 3-4 mm du bord pour éviter que les coutures soient trop épaisses. Pour la même raison, il n’est pas toujours utile de surfiler les bords, je dirais même que parfois le faire complique la mise du vêtement (surtout au niveau des manches, les mains s’accrochent partout) on peut utiliser de la colle anti-effilochage mais elle a tendance à durcir légèrement les bords (enfin, moi, je trouve).

Je trace un petit repère au niveau de ma manche pour savoir jusqu’où je dois coudre pour avoir 2 manches de largeur identique.

Un petit trait en jaune sur du blanc, ce n’est pas très visible…

Je couds donc jusqu’en bas sur le corps et les manches en laissant bien mon épingle fixée transversalement afin de maintenir les ourlets l’un sur l’autre. L’épingle m’aide pour guider le tissu pour faire mes points d’arrêt.

Je découpe les bords en laissant 3-4 mm maximum au-delà de la couture. Et je coupe un peu en biais aux extrémités.

L’encolure

Sur l’envers, je plie le corps épaule contre épaule. Je découpe une encolure arrondie peu large (elle s’agrandira par la suite)

J’agrandis légèrement vers l’avant mon encolure.

Je parlais de délicatesse un peu plus haut … Je retourne le bord de mon encolure vers l’intérieur de 2-3 mm, pas besoin de fentes d’aisance, c’est du jersey, il va s’y faire. J’épingle.

Je couds le long de mon encolure en point de piqûre, un point arrière qui reprend l’allure de la couture à la machine.

Et voilà, un tee-shirt pour Barbie.

Coudre un short pour Barbie Curvy

Un autre petit tuto, mais cette fois, c’est une vidéo : pas de blabla.


(*) Ça n’a rien à voir, mais un peu quand même…

Vous êtes arrivés jusque là alors on est entre nous…

C’est peu dire que j’ai mis des mois à écrire cet article et pourtant tout était prêt depuis longtemps. Comme tout le monde, je pense, j’ai passé une sale année. Ma maman a été gravement malade cet été. Elle s’en est sortie in extremis mais très diminuée.

Comme si ça ne suffisait pas, fin septembre, j’ai perdu mon papa, mon Papou. Il y avait longtemps que la démence dont il souffrait l’enlevait à nous, cellule par cellule. La souffrance de ces 15 dernières années n’est plus rien en comparaison avec tous les merveilleux moments que j’ai passé avec lui, dans son jardin ou son atelier.

Atelier de Joseph, mon Papou (1929-2020)

Je lui dédie donc cet article (et un paquet d’autres). Merci Papou.

Publié par Bab la bricoleuse

Bricoleuse touche-à-tout & blogueuse DIY

13 commentaires sur « Une garde-robe pour Barbie™ »

  1. Heureuse de vous retrouver chère Bab. J’étais très fan du précédent blog. Chaque article est très inspirant puisque vous témoignez des difficultés rencontrées ou des erreurs faites pour aider à ne pas les reproduire. J’aime bien votre livre qui est dans le même jus.
    Et en fin de cet article, en lecture, le partage de tristes nouvelles.
    Je vous souhaite beaucoup de courage.
    Avec toute mon affection pour ces moments douloureux.

    1. Bonjour, je me souviens très bien de vous, vous commentiez régulièrement sur l’ancien blog. Ce sont des moments difficiles, mais avec ce genre de maladie, la mort est plus ressentie comme la fin d’un long adieu. Merci pour vos pensées.

  2. bonjour Bab, quel bonheur votre site j’y plonge et replonge !!Tout ce que vous faites est juste parfait et merci pour les tutos très clairs, je vais tenter la table pour la machine à coudre, c’est vrai que mains et les épaules tiraillent et là ça à l’air au top ! Le tiroir à bobines parce que c’est vite la galère ….J’ai un projet sur lequel je cogite c’est mon atelier dan sd une caravane! J’ai la chance d’habiterla Provence verte dans le Var le climat est clément ,donc je cherche la Bete idéale !!Voilà merci encore pour tous ces partages en ce moment çà fait du bien on fait une pause pour l’extérieur mais à l’intérieur çà swiggue ,je n’ai jamais autant ranger etc…Bon dimanche à vous et tribu cdt gigi😎😎

  3. Je suis allée au bout de l’article et j’ai appris ces tristes nouvelles. Je te suis depuis si longtemps que je me demandais parfois comment allait ton papa. Maintenant je sais… et je comprends les raisons de ta longue absence sur le blog. Je me doutais bien que quelque chose clochait.
    Pour revenir au sujet de l’article, une fois de plus je suis admirative de ton talent, de la qualité des photos et des explications. Je ne m’étais pas rendue compte que les Barbie avaient autant changé.
    Bonne continuation

    1. Merci pour tes pensées. Je prépare un grand projet sur ce blog pour début 2021 donc je ne pense pas être aussi longtemps sans donner des nouvelles… à bientôt!

  4. Chère Bab, dont je lis le blog depuis des années -une dizaine je dirais, sans jamais commenter- permettez-moi de vous présenter mes sincères condoléances et pensées.
    Votre blog m’a, plusieurs fois en une dizaine d’années, redonné envie et le courage de me remettre à la couture, que j’ai plus ou moins laissé tomber après la naissance de mon fils et surtout la fin de mon congé parental il y a dix ans.
    Continuez, au rythme qui vous va bien, ce que vous faites est inspirant, et merveilleux.
    Bien à vous,

    1. Bonjour, merci pour ces pensées et ces encouragements. Hormis ma passion et mes envies, c’est ce qui me pousse à continuer. A bientôt!

  5. Bonsoir, comme pour de vos précédentes lectrices, je vous suis depuis des années et met en application certains tutos, toujours si clairs, sans jamais poster de commentaires….Merci pour tous ces partages. Et puis aussi quelques mots que l on apporte comme condoléances, qui ne sont rien face à la perte tant bien même que elle s était annoncée. J ai appris que ceux que l on aime laissent leur empreinte dans notre quotidien,… parfois sous la forme surprenante du boulon dont justement on a besoin et que notre père avait ramassé en disant, ça peut toujours servir…
    Belle route à vous.

  6. Un petit coucou alors que je profite d’un petit break pour venir me « perdre » dans ton blog. J’ai beau te connaître depuis plus de 25 ans (aÏe !…) tu continues de m’impressionner !… Bravo pour ce boulot de dingue ! Passez une belle fin d’année et on s’appelle l’année prochaine… Bisous !

    1. Coucou Nico, c’est plutôt cool si j’arrive encore à t’impressionner, mais je suis certaine que si on avait vécu plus près, et qu’en certaines occasions, on avait marié nos créativités, on aurait fait des trucs géniaux (y’a qu’avec toi que j’ai fait du doublage de film!) “ça te dirait d’aller manger une choucroute chez moi?” dans Grease, je ne m’en suis jamais remise! Bisous et oui, on s’appelle bientôt!

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